Le troupeau avance au gré des réactions chimiques des brins d'herbe. Les hirondelles couronnent la masse mammifère d'un balai gourmand effréné et criard, indirectement guidées par le régulateur végétal.
On ne peut vraiment concevoir ce qu'a de rassurant la sinuosité d'un chemin que lorsqu'on a fait l'expérience de la perte des repères dans le labyrinthe végétal des massifs de fougères et de ronces qui dictent les pas égarés.
Un criquet n'a pas peur de son ombre dans la lumière du soir. Il n'a pas même peur de l'objectif qui se rapproche à pas de loup pour faire de lui le roi d'un jour sur la toile de l'Heureux plantain.
Coccinelle à sept points dans son garde-manger. Les bêtes à bon dieu sont un peu des fakirs. Leurs élytres colorées ne souffrent pas des aiguilles des chardons et elles avancent avec gourmandise vers les armées de pucerons qui ont colonisé la plante.
Punaise des baies sous les feux de la rampe. Cette magnifique punaise brun verdâtre et rouge vineux se nourrit de fruits et marque son passage par la même occasion!
L'unique, l'isolé, le solitaire, le singulier... Dieu sanglier sauvage possédé de Princesse Mononoké? Sanglier de Calydon? Sanglier d'Erymanthe? Créature de mythe survivant aux assauts des fantasmes humains? Laissons l'esprit rêver et courir sur les traces de ce frère des forêts.
La lumière joue dans les herbes folles. Partout, la vie explose, heureuse de cette fin du jour comme elle l'a été de son commencement. Pour le promeneur, il suffit d'ouvrir les yeux et tous les sens pour se remplir du bonheur d'un soir d'été loin de toute agitation humaine.