"Lorsque Bada revint ce soir-là de son excursion, le silure sur le mur le regarda de ses yeux minuscules. Bada vit l'eau et soudain sa main lui sembla être une nageoire."
Vianden à travers une toile d'araignée, plume et lavis d'encre brune et d'encre violette, 13 août 1871, Collection Bulloz, Paris, Maison de Victor Hugo.
"J'aime l'araignée et j'aime l'ortie, Parce qu'on les hait ; Et que rien n'exauce et que tout châtie Leur morne souhait ;
Parce qu'elles sont maudites, chétives, Noirs êtres rampants ; Parce qu'elles sont les tristes captives De leur guet-apens ;
Parce qu'elles sont prises dans leur oeuvre ; Ô sort ! fatals noeuds ! Parce que l'ortie est une couleuvre, L'araignée un gueux;
Parce qu'elles ont l'ombre des abîmes, Parce qu'on les fuit, Parce qu'elles sont toutes deux victimes De la sombre nuit...
Passants, faites grâce à la plante obscure, Au pauvre animal. Plaignez la laideur, plaignez la piqûre, Oh ! plaignez le mal !
Il n'est rien qui n'ait sa mélancolie ; Tout veut un baiser. Dans leur fauve horreur, pour peu qu'on oublie De les écraser,
Pour peu qu'on leur jette un oeil moins superbe, Tout bas, loin du jour, La vilaine bête et la mauvaise herbe Murmurent : Amour !"
Victor Hugo, Les Contemplations.
Personnification romantique et exagération hugolienne mais retirons l'essentiel:
Amour! Tout veut un baiser J'aime l'araignée et j'aime l'ortie
Ce n'est pas du Bashô mais il est doux d'approcher une esthétique épurée.
Un sosie bruxellois, les yeux fixés sur le plafond d'un musée qui fleure la vieille époque, connecte immédiatement le visiteur à Rapa Nui, 3700 kilomètres des côtes chiliennes, en plein Pacifique.
Ailleurs, sans comparaison possible, le regard d'un très grand photographe sur les mystérieuses statues :
La Clématite Flammette est ici trop avancée dans la saison pour encore incendier les yeux du promeneur de ses vaporeuses fleurs blanches. Les narines perdent l'occasion d'une magnifique rencontre parfumée. Prenons donc rendez-vous pour le début du prochain été!
Dans un des derniers séchoirs à tabac, bien ventilé et bien exposé, de la vallée de la Semois, les feuilles de tabac attendent leur parfaite dessication.
Même dans la nudité de la géographie agraire (ici le Brabant belge), l'oeil trouve le bonheur de l'horizon, cette liberté nourrissante que les barreaux bien alignés par les machines agricoles ne parviennent pas à entraver. L'oeil voit plus haut et plus loin, espérant un oiseau ou la cime d'un arbre. Scruter l'horizon: vieux réflexe de voyageur qui lit au loin les changements écrits par les éléments naturels.
Voici le prunelier, prunellier, prunier sauvage, buisson noir, épinette ou encore épine noire. Donnez-lui une place dans vos haies: il nourrit les oiseaux, abrite les papillons et offre un barrage épineux compact infranchissable. Il se marie très bien avec l'aubépine et l'églantier. Très mûres, vous pouvez envisager l'utilisation des prunelles (après gelée pour éviter trop d'astringence) dans une eau de vie qui peut s'avérer fort agréable.